lundi 12 octobre 2009

Musique en ligne : la distribution et l'achat légal

Cet article fait suite au post (FaceBook) d'un ami cherchant une plateforme de téléchargement légale de musique. Il fait également office de lettre ouverte aux acteurs du marché de la distribution digitale de musique.
Ayant travaillé dans la distribution et l'aggrégation digitale précisément (je ne donnerais pas le nom de ma boîte), j'espère pouvoir éclairer la lanterne des âmes audiophiles égarées.
(Je ne parlerais pas ici de streaming, mais bien de téléchargement légal)

Déjà il faut distinguer 2 groupes de distributeurs (comme pour les labels/maisons de production musicale), on a les majors et les indés.
Chez les majors (ceux qui cachent la redistribution de leurs revenus et qui font la part belle aux profits) nous avons iTunes MS, Amazon MP3, T-Online, VirginMega, FnacMusic, eMusic, Rhapsody (Real), etc. Ceux-là ne sont pas les méchant mais disons que grosso modo l'artiste, si il ne passe pas par un label touche environ 0,05 à 0,50 € par morceau vendu. Ce qui n'est RIEN et encore là j'ai été gentil sur les chiffres. Ensuite si l'artiste passe par un label ou un aggrégateur celui-ci retient au grand minimum 15-20% sur la totalité des ventes, découpé par mois ou par trimestres. (c'est ce que ma boîte retenait en 2007)

Donc si l'on passe par un système de vente dit "major", on ne donne quasiment rien à l'artiste. Le problème en la matière étant que l'artiste ou le groupe supporté par une maison de production (dit "de disques") a rarement le choix quand au mode de distribution de sa musique. En effet, lors de la signature d'un contrat de production, l'artiste confie les droits de reproduction et de diffusion à son label/maison de disque. Il n'a donc généralement pas le pouvoir de choisir ou encore de rester ou non avec une plateforme indépendante ou équitable. C'est au producteur et/ou au distributeur (numérique ou pas) de choisir. Mais je m'éloigne là.

Pour les services équitables nous avons par exemple :
- Le réseau Fairtrade-music (Ex-Reshape-music)
- Airtist
Sinon il existe aussi des services "tout compris" et pas très cher tels que : CD Baby
Ou encore le total gratuit comme : Jamendo

Mais il ne faut pas s'attendre à trouver sur ces services "à la cool" des artistes issus de maison de disques majors (Universal Music, Sony, EMI, Warner). Pourquoi parce que ce n'est pas capitalistique, l'équitable : Plus simplement, ils ne veulent pas perdre un centime de leur argent.
Pour la petite histoire en France le plus gros distributeur/aggrégateur numérique indépendant est Believe Digital et ils travaillaient (si ma mémoire est bonne) pour Universal entre autres. En fait ils ont leurs entrées un peu partout. C'est eux qui numérisent les cds et envoient le contenu chez iTunes, par exemple.
NB: Je vous déconseille très fortement ce métier (distributeur numérique), chez les grands comme les petits c'est... Univers Sale. Et je pèse mes mots ! Il n'y a pas de réel contrôle des redistributions financières alors je peux vous dire que là-haut, c'est la fête. C'est un peu comme la bourse, chacun fait un peu ce qu'il veut tant qu'il connait BIEN le système.

Avant d'aborder les "solutions", j'ouvre une petite parenthèse sur l'aspect métier. Il faut savoir que le métier de distributeur digital est un GROS bordel (excusez ma familiarité, mais j'en ai bavé). Personne ne s'accorde sur un même format tant au niveau du fichier sonore (format, compression & DRM), qu'au niveau du reporting (compte rendu) des royalties. Il faut dire que les différentes législations internationales n'aident en rien les distributeurs (c'est pas HADOPI qui va aider quelque acteur que ce soit) et aucun organisme ne s'attarde à normaliser cela (ah si la DDEX, mais justement ça fait plus de 4 ans je crois et ils traînent toujours avec leur 2 pauvres malheureux XML et les 2 autres qui se font attendre).
Bref, tout s'y mêle du WMA (oui oui encore), du MP3, de l'OGG, du FLAC et le fameux format AAC propriétaire d'Apple utilisé sur iTunes Music Store. Ce dernier format étant un véritable fléaux au même titre que le WMA, car il faut posséder un Mac (puissant) avec iTunes Producer pour pouvoir encoder la musique et un lecteur de musique supportant ce format propriétaire... Bref, l'horreur !
Puis vas-y que je demande du 256, du 192, voir même du 128kb/s pour les plus cons. En VBR, CBR ou encore ABR pour les artistes de l'encodage. Personne ne s'est dit de suite : "Si on faisait du FLAC, c'est LossLess" ce qui veut dire zéro perte à la compression. Bah non ! C'est notre métier, mais on est trop con pour offrir la meilleure qualité à nos clients, pourquoi faire du MP3 320kb/s qui passe sur tout les lecteurs MP3 autant leur filer du 128 CBR pour bien leur pourrir les oreilles et les faire kiffer l'achat de musique en ligne ! (ça je peux vous dire que les pirates ont dû se régaler de cette ouverture de marché en ligne aussi bordelique, vive le progrès et les grands décideurs !!!)
NB: Si vous achetez un MP3 256 VBR ça ira, la perte audio n'est quasiment pas décelable. Sauf si vous avez l'oreille absolue et/ou que vous écoutez de la musique classique très riche ou encore que vous avez un système de Haut-Parleurs Monitoring haut de gamme (type studio d'enregistrement). D'un point de vu technique, ce format est un bon compromis. Il oscille entre ~220 à 290 kb/s (car VBR), il est léger et offre une écoute plus que confortable pour la majorité des musiques stéréo actuelles.
Heureusement en 2008, la majorité des acteurs "sages" abandonnent l'idée des DRM (protection anti-copie), de toute façon fallait être tombé sur la tête pour vouloir protéger la matière première d'un circuit dont on ne maîtrise ni les tenants et encore moins les aboutissants.
Après pour les reportings, c'est encore plus freestyle : XLS, XML, TXT (CSV) se confondent pour une parfaite confusion des genres et une bonne perte de preuves de ventes. Les formats de reporting sont comme un ciel étoilé mais en moins beau. J'ai parfois rit aux larmes en voyant certains rapports de ventes dans un format illogique au possible de certains très grand noms qui sont cités dans cet article. Je me disait que les DSI ou Architectes informatique devaient être complètement dingues pour me refiler des formats de reporting aussi tordu.
Là, je n'ai parlé que ce certains aspects métier qui ont besoin d'être remis en ordre, il y en a d'autres, comme la taxinomie musicale complètement anarchique. Je passe vite, car ce métier est un foullis non-normalisé qui empêche tout simplement les petits acteurs de se faire une place.

En fait, dans ce domaine tout est une question de modèle économique. Il faut qu'il soit simple, efficace et éprouvé. (comme pour la VOD mais la musique est encore plus touchée de part la légèreté d'un fichier MP3 et donc de sa "piratabilité")
Le site de l'IRMA (Centre d'information et de recherche sur les musiques actuelles) est une mine d'informations sur ces questions là. Après pour le reste il faut scruter les magazines et web-magazine spécialisés dans le music-buisness.

Aujourd'hui, il existe pourtant un modèle économique "alternatif et de confiance", j'ai nommé la pub. Et MyMojo (ex-SpiralFrog) ou encore Qtrax sont censés y remédier.
Mais la route est encore longue et le succès écrasant d'iTunes Music Store aura du mal à laisser la place (économiquement parlant) aux autres services de vente numérique de musique et surtout, pour conclure, aux artistes. Eux, je crois resteront pour un long moment encore les vaches à lait des circuits populaires de distributions numériques.

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